Comparaison pré-test et post-test
Malgré les faiblesses évidentes des plans prétest-posttest, ce type de plan d'étude est le plus fréquemment rencontré en rééducation. Il s'agit d'évaluer un patient avant l'introduction d'un traitement (i.e., évaluation de base ou prétest) et d'évaluer à nouveau à la fin d'un traitement (i.e., évaluation posttest) afin de détecter les changements éventuels dans les performances qui seraient attribuables au traitement même.
Nous disposons actuellement que quelques outils statistiques spécifiques à l'analyse du changement survenant entre les performances en prétest et le posttest d'un seul individu. Ils se déclinent en tests avec ou sans groupe contrôle, sachant que ceux analysant les performances sans groupe contrôle permettent souvent l'analyse de proportions.
(a) Présence d'un groupe contrôle
Le cas de figure le plus fréquent est le suivant: le patient étudié participe à une série de tests standardisés à la fois en prétest et en posttest. Les tests sont évidemment identiques en pré et en post afin de pouvoir comparer sa performance. Or, les sujets contrôles ayant servi d'échantillon normatif n'ont participé qu'une seule et unique fois à ces tests. Comment déterminer alors si le traitement introduit entre le pré et le posttest a bien marché?
Il est de pratique courante de comparer le patient à l'échantillon normatif (en général, on dérive un score z), puis on fait la même chose pour le posttest. Si cette comparaison est utile dans certains cas de figure (e.g., le patient a des scores faibles en prétest qui se normalisent en posttest), dans la majorité des cas elle est sans utilité (e.g., le patient améliore son score en posttest mais il est toujours plus faible que les contrôles). Dans tous les cas, il faut procéder à une comparaison directe entre le pre et le post. Le test proposé par Mellenbergh & van den Brink (1998) semble le mieux adapté.
- Pré et post représentent les scores du patient obtenus lors du prétest et du posttest, respectivement
- s√2 représente l'écart-type de l'échantillon contrôle
Le score z final suit la loi normale et a comme valeur critique 1.96 (pour un test bilatéral) ou 1.645 pour un test unilatéral. Il est à noter que la moyenne des sujets contrôles n'est mentionnée nulpart. Ceci est intéressant puisque ce n'est pas ce paramètre qui détermine si le changement observé dans les performances du patient est significatif, mais leur écart-type.
(b) Absence d'un groupe contrôle
Un autre cas de figure consiste à fabriquer un test et à l'administrer au patient en préteste et en posttestn sans pour autant l'avoir administré à des sujets contrôles. C'est le cas de figure qui serait logiquement le plus approprié en cas de rééducation si l'on veut que la rééducation est spécifique et adaptée à chaque sujet. Nous disposons de plusieurs tests, chacun ayant ses avantages et ses incoventients. Le choix du test doit se faire sur la base des conditions d'application de chacun.
i. Lorsque le nombre d'essais est déterminé par avance
Les deux premiers tests donnent des résultats similaires et les calculs sont faciles à réaliser. Mellenbergh et van den Brink (1998) proposent la formule suivante:
- x et y représentent les scores du patient obtenus lors du prétest et du posttest, respectivement
- N est le nombre d'essais présentés
Le score z final suit la loi normale et a comme valeur critique 1.96 (pour un test bilatéral) ou 1.645 pour un test unilatéral. ATTENTION! ce test donne des résultats plausibles lorsque N est "raisonablement grand" selon les auteurs, c'est à dire supérieur à 40. Si cette condition d'application n'est pas respectée, les résultats ont de fortes chances d'être biaisés.
Le deuxième test consiste en la comparaison de deux proportions sur la base des tests de Wald:
- px et py représentent les proportions de réponses correctes du patient obtenues lors du prétest et du posttest, respectivement (pour obtenir chacune des proportions, il faut diviser le score brut par le nombre d'essais présentés),
- Nx est le nombre d'essais présentés lors du prétest, Ny est le nombre d'essais présentés lors du posttest
Le score z final suit la loi normale et a comme valeur critique 1.96 (pour un test bilatéral) ou 1.645 pour un test unilatéral. ATTENTION! ce test donne des résultats plausibles lorsque N est "raisonablement grand" selon les auteurs, c'est à dire supérieur à 40. Si cette condition d'application n'est pas respectée, les résultats ont de fortes chances d'être biaisés.
Les calculs associés au troisième test sont plus difficiles mais les résultats sont plus plausibles même avec un petit nombre d'essais. Il s'agit du test Q' (cliquez ici pour être dirigé vers la page correspondante; voir les parties a b et c, surtout pour 2 conditions) pour lequel il existe une feuille de calcul excel. Vous pouvez me la demander, ainsi que larticle associé (Michael, 2007).
ii. Lorsque le nombre d'essais n'est pas déterminé par avance
Toutes les mesures ne sont pas nécessairement obtenues après avoir présenté un nombre fini d'essais. Il peut, au contraire, s'agir du nombre de mots donnés lors d'un test de fluences verbales, le nombre de comportements appropriés observés dans une situation donnée etc. Dans ce cas, les tests précédents ne sont pas d'une grade utilité.
Le premier test que nous pouvons utiliser est le test simple de Procock (2006):
- x et y représentent les scores du patient obtenus lors du prétest et du posttest, respectivement
Le score z final suit la loi normale et a comme valeur critique 1.96 (pour un test bilatéral) ou 1.645 pour un test unilatéral.
REFERENCES
- Mellenbergh G.J., van den Brink W.P. The measurement of individual change, Psychological Methods, 3: 470-485, 1998.
- Michael G.A., A significance test of interaction in 2xK designs with proportions, Tutorials in Quantitative Methods for Psychology, 3 : 1-7, 2007.
- Procock S., The simplest statistical test : how to check for a difference between treatments, British Journal of Medicine, 332 : 1256-1258, 2006.